Un leadership appris du rugby

Alors qu'une équipe de rugby se compose de 15 personnes travaillant ensemble à la réalisation d'un objectif commun, les équipes dirigées par Eamonn Whelan comptent plus de 200 personnes. Le responsable des opérations mondiales de Sandvik Rock Processing Solutions (SRP) Mobiles est basé à Ballygawley, en Irlande du Nord, le centre mondial de l'industrie pour la fabrication d'applications mobiles pour les systèmes de concassage et de criblage. Moins de 10 % des machines produites en Irlande du Nord restent au Royaume-Uni. Cela signifie que ses équipes de production soutiennent les activités internationales en assurant la logistique et les services après-vente dans le monde entier.

Le travail d'équipe, c'est aussi le respect des capacités individuelles

Eamonn voit de nombreux points communs entre une opération mondiale et un match joué sur un terrain en herbe : Quelle que soit sa taille, toute bonne équipe se compose d'un certain nombre de personnes aux compétences différentes. Alors que les attaquants de la mêlée doivent être grands et forts pour s'occuper des plaquages et des rucks, les arrières sont généralement de meilleurs botteurs et des coureurs plus rapides.

"Agir en équipe chez SRP, c'est aussi laisser les spécialistes faire leur travail. En tant qu'équipe, vous travaillez pour un objectif commun, mais vous ne voulez pas gêner le demi de mêlée ou ralentir les arrières. Le travail d'équipe, c'est aussi le respect des capacités individuelles".

Une source d'inspiration

Le rugby a toujours été une source d'inspiration pour Eamonn. Aujourd'hui, son maillot de joueur a été remplacé par un maillot d'arbitre et il fait partie du panel des nouveaux officiels de match de la Ligue européenne de rugby.

"Le fait d'être arbitre est un véritable anti-stress qui m'aide à me détendre le week-end, mais cela renforce aussi ma capacité à évaluer rapidement une situation, à prendre une décision, à agir en conséquence et à y croire", explique-t-il.

Le temps peut être exécrable. Les joueurs, les entraîneurs ou les spectateurs peuvent mal se comporter. Je dois rester maître de la situation.

Les événements extérieurs ne peuvent pas toujours être contrôlés. En tant qu'arbitre, je suis là pour faciliter le jeu. Le temps peut être exécrable. Les joueurs, les entraîneurs ou les spectateurs peuvent mal se comporter. Je dois toujours garder le contrôle. Lorsque le marché change et que les conditions sont mauvaises, un bon dirigeant ne doit pas laisser les facteurs extérieurs influencer son jugement. Il doit se concentrer sur ce qu'il peut réellement influencer", explique Eamonn.

L'amour du rugby est partagé par son collègue Tom Roberts, bien que ce dernier apprécie le jeu depuis les tribunes. Tom a rencontré Eamonn pour la première fois en 2001. Il occupe aujourd'hui un nouveau poste, celui de chef de projet pour des projets de fabrication à l'échelle mondiale, et les deux hommes ont récemment recommencé à travailler ensemble.

"La force que j'apprécie le plus est son désir de développer les autres membres de son équipe en les mettant à l'épreuve et en leur donnant la possibilité d'évoluer".

Décisif et clair

Tom pense que sa propre carrière est due à la confiance qu'Eamonn lui a accordée un jour.

"Il y a des années, dans une autre organisation, il m'a confié mon premier rôle de manager. Cela m'a ensuite permis d'obtenir un diplôme en commerce et m'a ouvert les portes d'une grande carrière", explique Tom, ajoutant qu'il apprécie les compétences interpersonnelles d'Eamonn et sa capacité d'écoute et de réflexion.

"Eamonn est axé sur les données et les processus, et il est très clair sur les objectifs et la stratégie. Il donne des orientations claires et décisives, mais il est aussi très ouvert et désireux d'obtenir l'avis du reste de l'équipe. Cela permet d'instaurer la confiance, et un niveau élevé de confiance se traduit par un engagement et des équipes performantes qui se surpassent les unes les autres", explique Tom.

La confiance est un objectif qu'Eamonn s'efforce d'atteindre à de nombreux niveaux. Selon lui, l'époque du modèle "leader-suiveur" est révolue depuis longtemps. Son objectif est de travailler selon le modèle "leader-leader", une méthode qu'il a empruntée au livre Turn the ship around du capitaine de sous-marin américain David Marquet.

Mon travail consiste à apporter les bonnes ressources et à les aider à mettre en œuvre les solutions qu'ils ont identifiées

Tous les collaborateurs d'Eamonn dirigent des groupes de personnes. Lorsqu'il y a une véritable structure de "chef à chef", ils me montrent ce qu'ils ont l'intention de faire pour résoudre un problème donné. Mon travail consiste à leur apporter les bonnes ressources et à les aider à mettre en œuvre la solution qu'ils ont identifiée", explique-t-il.

L'avantage, ajoute Eamonn, c'est qu'il n'est pas obligé d'avoir toutes les réponses. Son travail consiste à créer un sentiment d'utilité et à s'assurer que tout le monde va dans la même direction.

Commencer, arrêter ou continuer ?

Les réunions quotidiennes de Pulse constituent une part importante du leadership d'Eamonn. Ces réunions, qui durent de cinq à vingt minutes chaque matin, lui donnent, ainsi qu'à ses chefs de service, l'occasion de redéfinir les priorités, d'allouer des ressources et de communiquer aux autres l'état d'avancement des travaux.

"Cela fonctionne très bien pour mon équipe. C'est aussi un excellent forum pour les nouvelles suggestions. Nous devons simplement nous assurer que nous conservons les bonnes idées.

Pour obtenir un retour d'information sur ses propres performances, Eamonn a introduit un modèle informel utilisant les mots "Start", "Stop" et "Keep" : "C'est bien, c'est simple et ça permet de prendre des mesures", dit-il.

Que disent de lui les membres de son équipe ?

"Ce qu'il faut garder est le plus facile. Les gens disent que je les mets au défi et ils aiment ça. Que commencer ? L'équipe m'a demandé d'apporter une touche plus personnelle", explique-t-il avant d'ajouter : "Je suppose que cela touche à la dimension de leadership de Sandvik, qui consiste à être plus conscient de soi - à toujours penser à la façon dont on se présente, car notre comportement en public a un impact personnel sur les autres".

Les gens disent que je les mets au défi et ils aiment cela.

Que devrait-il cesser de faire ? Il devrait cesser de s'acharner à tirer des conclusions et donner à l'équipe encore plus de temps pour discuter avant qu'une décision ne soit prise. Pour y remédier, il fait un tour de table et s'assure que la personne silencieuse s'exprime également avant de prendre une décision.

"Il est important de demander un retour d'information pour développer ses compétences, dans les affaires comme sur le terrain de rugby, où je reçois un retour d'information sous forme de clips vidéo après chaque match international que j'arbitre. Pour être pris au sérieux par votre équipe - dans le sport ou au travail - vous devez agir en fonction de ces commentaires", conclut-il.